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Bilan des élections présidentielles et perspectives pour le deuxième semestre 2017

Publié le 15/06/2017

Bilan des élections présidentielles et perspectives pour le deuxième semestre trimestre 2017.

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Emmanuel VARLET

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Chers clients, les nombreuses incertitudes liées aux élections présidentielles hors norme que nous venons de vivre en France nous ont amenés à décaler de quelques semaines la diffusion de notre dernière newsletter. En effet, les nombreux rebondissements qui ont finalement conduit à l'éviction des partis politiques traditionnels puis à l'élection d'Emmanuel Macron le 7 mai ne nous ont pas permis de nous risquer à faire des pronostics sérieux en avance de phase. Le président nouvellement élu semble chercher le consensus auprès des partis de gauche et de droite mais à ce stade, nous n'avons pas encore tous les éléments pour connaître avec certitude les directions politiques et économiques qui seront prises au cours des prochains mois. Celles-ci dépendront principalement de la (ou des) majorité(s) qui émergeront des prochaines élections législatives les 11 et 18 juin prochains.

 

  • Contexte économique : Nouvelle donne politique et euphorie sur les marchés

Ce trimestre, notre attention a été monopolisée par les élections présidentielles en France. Après les nombreux rebondissements qui auront émaillé cette campagne hors norme, Emmanuel Macron a finalement été élu Président de la République, cultivant une image de renouveau politique et de dynamisme. Le temps est maintenant venu d’abandonner la violence de cette campagne électorale impitoyable pour retrouver un peu d’analyse et d’objectivité.

Les cinq prochaines années de réformes s’annoncent certainement intéressantes. D'un point de vue patrimonial, il s’agira sans doute de revoir intégralement la gestion de vos actifs pour l’adapter à une société en pleine mutation.

En effet, le travail, l’humain et la valeur ajoutée seront a priori au cœur des réflexions. Ainsi, nous pourrions assister à une fracture toujours plus forte entre un capital productif encouragé et un capital non productif découragé dont il faudra tenir compte dans l'orientation future de nos stratégies patrimoniales.

Attendons-nous à la remise en cause des acquis et des rentes construites au cours des décennies précédentes. Le monde change, la société évolue et nous serons probablement amenés à revoir en profondeur notre manière de gérer nos actifs en devenant plus que jamais « entrepreneurs ». Considérant le patrimoine productif comme favorisé, nous devrons nous appliquer à le rendre productif et donc utile pour la société. C’est tout le sens de la réflexion que nous devrons manifestement avoir à l'esprit au cours des 5 prochaines années.

Parmi les mesures phares annoncées par le nouveau Président de la République, voici les plus marquantes :

  • Suppression de l’ISF et création de l’IFI (Impôt sur la Fortune Immobilière) :

C’est une première mesure importante, l’ISF devrait être supprimé pour être remplacé par l’IFI, l’impôt sur la Fortune Immobilière. Pas de précipitation toutefois, cette réforme n'étant désormais annoncée qu'en fin de mandat, vers 2021 ou 2022.

L’IFI est un impôt sur la détention de capital immobilier dont les contours sont encore flous. Considérant la détention d’un bien immobilier comme une immobilisation financière non créatrice de valeur et de croissance économique, l’IFI viendra fiscaliser ce capital non productif. La résidence principale bénéficierait toujours d’une exonération à hauteur de 30%. Cependant, les investissements dans les terres agricoles ou les résidences services en LMNP pourraient sortir de l'assiette de ce nouvel impôt.

A contrario, les contrats d’assurance vie, placements bancaires, voitures, liquidités, actions, PEA, ou comptes titres resteront exonérés et ne subiront pas cette taxe sur le capital non productif.

  • Suppression de la taxe d’habitation :

pour 80% des Français dont le revenu fiscal de référence est inférieur à 20000€ par part de quotient familial.

Pour un couple sans enfant, le seuil du revenu fiscal de référence pour espérer être exonéré de taxe d’habitation sera de 40000€ (pour un couple avec deux enfants, ce seuil monte à 60000€).

Il s’agit d’une mesure forte pour supprimer cet impôt qui touche les locataires comme les propriétaires. Cette mesure viendrait tempérer la révision des valeurs cadastrales qui conduira inévitablement à une forte augmentation des taxes foncières si les taux d’imposition restent tels qu’ils sont aujourd’hui.

  • Une taxe forfaitaire de 30% sur tous les revenus du capital :

Cette taxe (prélèvements sociaux compris) s'appliquerait à tous les revenus du capital productif. Il n'y aurait donc pas d'alignement de l’imposition des revenus du capital sur ceux du travail. La question des revenus fonciers reste toutefois en suspens.

  • Grande réforme des retraites :

Suppression des régimes spéciaux pour créer un régime unique identique pour tous. C’est une réforme jugée importante et essentielle. Il ne s’agit pas simplement de mesures d’ajustements du système actuel des retraites, mais bien d’un véritable bouleversement.

Le minimum vieillesse sera pour sa part augmenté de 100 euros. Il devrait donc passer de 800 à 900 euros pour une personne seule.

·Une hausse de la CSG qui va pénaliser les retraités :

Pour compenser la suppression de certaines cotisations, le nouveau Président de la République va augmenter la CSG de 1,7 point, ce qui aura un impact sur 60 % des retraités. Ainsi, un retraité avec une pension de 1 100 euros perdra 202 euros par an. Les autres retraités, touchant moins de 14 375 euros annuels s’ils vivent seuls ou 22 000 euros en couple, en seront exemptés.

  • Les soins de santé :

Dans son programme, Emmanuel Macron a promis de mettre en place la prise en charge à 100 % des lunettes et des prothèses auditives et dentaires d'ici 2022.

  • Le prélèvement à la source :

Selon les tous derniers éléments dont nous disposons, il devient de plus en plus probable que le nouveau gouvernement abandonnera la mise en place du prélèvement à la source prévu en 2018 ...

  • Point sur l'évolution des marchés :

Concernant les marchés financiers, il souffle depuis le début de l'année un vent d’optimisme. En Europe, les entreprises enregistrent une hausse de leurs profits et le chômage continue globalement de baisser. La bonne orientation des indices macroéconomiques et les annonces de la BCE du maintien d’une politique monétaire accommodante pour l’année 2017 sont autant d’éléments favorables à un raffermissement de la croissance économique.

Aux Etats-Unis, les intentions de relance budgétaire du président Donald Trump sont jugées très favorables par les marchés et la poursuite du cycle de croissance est exceptionnelle.

Toutefois, il semble que les marchés fassent peut-être preuve d’un peu trop d’optimisme. En effet, aux Etats-Unis, les relations entre l’administration Trump et le Congrès s’avèrent compliquées et laissent toujours planer un doute sur la capacité du nouveau président à mettre en place ses réformes fiscales et ses dépenses d'infrastructures.

Enfin, toutes les incertitudes politiques et géopolitiques sont actuellement ignorées dans ce contexte optimiste et ne sont aujourd’hui pas forcément prises en compte par les marchés.

L’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République Française aura en tout cas permis aux actions européennes de connaitre de fortes hausses, dans des volumes exceptionnels (9 Mds € échangés sur les valeurs du CAC 40 au lendemain du 1er tour contre 3,5 Mds habituellement). L’indice CAC 40 gagne ainsi 11,5 % (dividendes réinvestis) depuis le début de l'année, en Allemagne le DAX est à +11 % et en Espagne l’Ibex s’envole de 16,5 %. Cette hausse concerne la quasi-totalité des valeurs.

L’optimisme des investisseurs tourne même à l’euphorie pour certains qui évoquent un CAC 40 aux alentours de 5900 / 6000 points en fin d’année (soit une hausse additionnelle de 10 %). Différents facteurs sont avancés pour justifier ce potentiel haussier : sous-valorisation des indices européens, perspectives économiques favorables, fin de l’incertitude politique en Europe qui pourrait entrainer un retour des investisseurs anglo-saxons.

Du côté économique, la croissance se poursuit à un rythme modéré mais solide en Europe comme aux Etats-Unis. Les entreprises profitent de cet environnement, les résultats étant attendus en hausse d’environ 15 % cette année dans la zone euro et de 10 % outre-Atlantique. Il est cependant illusoire d’espérer une nette accélération dans les trimestres à venir, la hausse généralisée de l’endettement et la chute de la productivité suite à la crise de 2008 limitant la croissance économique future.

Certes, l’incertitude politique a diminué depuis le début d’année (suite aux élections législatives aux Pays-Bas et à la présidentielle en France) mais des inconnues demeurent avec les élections en Italie et en Allemagne, les législatives en France, les négociations sur le Brexit ...

  • En conclusion, il faut retenir :

En France, nous entrons à l'évidence dans une nouvelle ère, à la recherche d'une moralisation de la vie politique, et d'un retour à la croissance durable. A l'échelle internationale, la normalisation et le redressement de l'économie mondiale se confirment, entraînant des rebonds de toutes les bourses, et ce en dépit de nombreuses incertitudes géopolitiques.

  • Point sur les principales économies : la  croissance se confirme
  • En zone euro :  confirmation de la reprise

En Europe, paradoxalement, aucune échéance politique majeure en 2017 n’a entamé le redressement du cycle économique : l’indice PMI des directeurs d’achat de la zone euro progresse au delà de ses niveaux d'avril 2011. En conséquence, les analystes continuent de relever leurs estimations de résultats des entreprises pour 2017, qui sont attendus désormais en hausse de 15% en moyenne, confortant l'hypothèse d’un rattrapage vigoureux des marchés actions et de l’euro (a fortiori si les succès électoraux sont construits sur des programmes économiques pertinents). Par ailleurs, la BCE, selon les déclarations de Mario Draghi, ne changera pas sa politique monétaire avant au plus tôt décembre 2017.

 

Pour la France plus spécifiquement, notre nouveau président prend ses fonctions dans une conjoncture enfin favorable. Les économistes anticipent une accélération du taux de croissance au delà d'1,5% sur 2017, même si le premier trimestre n'a connu qu'une progression de 0,3%.

La forte croissance de l’activité observée dans le secteur des services reflète notamment un accroissement du volume des nouvelles affaires, celles-ci augmentant pour le 14ème mois consécutif. Malgré un fléchissement par rapport au mois dernier, le taux d’expansion des nouveaux contrats reste encore élevé.

Dans l’ensemble du secteur privé français, les nouvelles affaires augmentent également. Si le taux d’expansion fléchit légèrement par rapport à mars, il reste cependant marqué. La courbe du chômage pourrait enfin s'inverser ...

  • Aux États-Unisune reprise toujours présente mais attentivement scrutée

Un scepticisme excessif est en train de gagner les marchés autour de la possibilité de mettre en œuvre le programme de  Donald Trump qui limite sa traduction (à la hausse comme à la baisse) dans le cours des actions. Il ne faut toutefois pas sous-estimer le potentiel de réforme de la nouvelle équipe gouvernementale. M. Trump reste très populaire aux Etats-Unis malgré ses nombreux dérapages, de cui devrait luii permettre de mettre en œuvre son programme contre l’avis du sénat. Celui-ci provoque dans le pays une fracture sociétale mais un grand enthousiasme au plan économique.

Le « personnage » Trump continue évidemment de susciter une grande perplexité chez les observateurs étrangers (et de plus en plus aussi chez les américains ...), mais le risque est en réalité tempéré, d’abord par le mode opératoire emprunté, qui est beaucoup moins inefficace qu’il n'y paraît. Par ailleurs, l’inexpérience de Donald Trump dans des domaines essentiels l’a obligé à s’entourer de professionnels très aguerris. Par ailleurs, sa vision économique n’est nullement imprévisible : Donald Trump poursuit une forme assez primitive mais cohérente de mercantilisme, qui érige l’État en acteur décisif au service des intérêts de l’économie américaine et du rétablissement de sa balance commerciale.

Dès lors, la ligne directrice des initiatives économiques est assez lisible, pour les États-Unis comme pour ses partenaires commerciaux. Quant à leur ampleur, elle sera inévitablement modérée par le contrôle qu’exerce un Congrès très conservateur sur les principaux enjeux budgétaires et fiscaux. Il en ressort pour les américains une fracture certainement profonde au plan sociétal, mais aussi un enthousiasme assez unanime au plan économique : l’indicateur de confiance des consommateurs a fortement rebondi depuis le mois de novembre dernier.

les résultats des entreprises américaines se sont inscrits en hausse de 5% en moyenne au dernier trimestre 2016, une performance supérieure dans deux tiers des cas aux attentes des analystes. ce qui leur a permis de créer 211 000 emplois en avril contre 79 000 en mars. Le taux de chômage est tombé à 4,4%, son plus bas niveau depuis mai 2007. La FED prévoit de ce fait de remonter deux fois ses taux sur 2017.

  • Dans les Pays émergents : Retour massif des investisseurs anglo-saxons

    Le reste du monde est également poussé par des vents porteurs et les pays émergents n'y font pas exception, confirmant cette reprise synchronisée que nous constatons ces derniers mois. Il est ainsi possible que la croissance mondiale soit révisée à la hausse en 2017.

    Toutefois, les risques de surchauffe de l'économie chinoise demeurent et sont eux aussi totalement occultés par une planète financière trop occupée à scruter les décisions politiques aux Etats-Unis et en Europe.

     

  • Nos conseils à court terme :

Dans cette ambiance de douce euphorie printanière, nous préconisons une certaine prudence face aux belles performances réalisées ces derniers mois. Sur les marchés des actions, nous privilégions les valeurs européennes, notamment les valeurs cycliques, qui peuvent profiter du rebond de la croissance mondiale. Les investisseurs les plus audacieux pourront maintenir leurs positions sur les actions des pays émergents dont les progressions sont parmi les plus importantes. A court terme, le niveau de la volatilité incite à réduire progressivement la voilure sur les actions.

Il faudra par ailleurs surveiller la remontée de l'inflation. En zone euro, celle-ci est passée par exemple en janvier de 1,1% à 1,8%.

Dans ce contexte, l'utilisation de fonds flexibles se justifie pleinement pour déléguer aux gérants la captation des performances encore à venir tout en utilisant des outils de couverture lors des prochains retournements de tendance.

  • Actions : Europe et émergents.

Face aux incertitudes politiques en Europe, les investisseurs anglo-saxons ont délaissé les actions européennes au profit des pays émergents. Le potentiel de hausse pour les marchés actions en France et en Zone Euro reste significatif. Nous sommes peut-être enfin face à une année exceptionnelle pour la Zone Euro ... De manière un peu plus spéculative, les actions des pays émergents devraient encore connaître plusieurs mois de belle hausse.

  • Obligations : toujours risquées ...

Il convient de ne pas sous-estimer le risque obligataire, une banque centrale en retard dans le cycle risque en effet de sur-réagir si l’inflation devait se confirmer. Pour le moment, les taux sont excessivement faibles mais l’embellie économique induira nécessairement à terme une hausse des taux d’intérêt. Le risque majeur viendra du rythme de remontée, si les taux progressent fortement dans un délai relativement court, les obligations actuelles pourraient violemment en pâtir.

  • Assurance-Vie :

    l’assurance vie présente toujours un attrait fiscal indéniable tant au niveau de la fiscalité des rachats (avec une dégressivité du prélèvement libératoire atteignant le taux de 7.5% après une durée de 8 ans, à majorer des prélèvements sociaux) qu’au niveau de la fiscalité successorale.

Emmanuel Macron propose d'appliquer un taux unique de prélèvement de 30% sur les plus-values sans tenir compte de la durée de détention du contrat d’assurance. A ce jour, cette disposition ne s’appliquerait que pour les nouveaux contrats. Il peut donc être judicieux d'ouvrir un contrat d'assurance-vie avant l'application de la loi ...

  • Immobilier : Hausse du nombre d'investissements

En France, les investissements immobiliers en direct ou en SCPI sont repartis à la hausse depuis le début de l'année. Dans une démarche patrimoniale bien construite, l'immobilier reste incontournable pour bénéficier des taux de crédits encore bas (n'oublions pas qu'ils commencent à remonter de plus ou moins 0,1% par mois en moyenne).