Pro Invest Finance

Analyse conjoncturelle T2-2015

Publié le 26/01/2017

Bilan du deuxième trimestre 2015 et perspectives pour la rentrée.

Emmanuel VARLET

Chers clients, les marchés auront une fois de plus connu quelques turbulences au deuxième trimestre, mettant fin au rallye haussier des mois précédents.  Alors que nous avions cru entrevoir une embellie avec l'avancée des négociations entre l'Union Européenne et la Grèce, c'est désormais au tour de la Chine de faire planer l'incertitude. Il faut prendre comme toujours un peu de recul pour tenter de prévoir la tendance des prochains mois car bon nombre d'analyses publiées jusqu'en juillet sont déjà partiellement erronées ...

Contexte économique : Une consolidation salutaire ...

Le deuxième trimestre boursier ne ressemblera pas au premier trimestre. Après un gain de plus de 15% entre janvier et mars, la bourse a éprouvé le besoin de souffler et le CAC 40 navigue en permanence entre 4700 et 5200 points sur fonds de rumeurs d’insolvabilité de la Grèce et de risque de hausse des taux américains. En substance, notre indice boursier évolue depuis le mois de mars entre 4700 et 4900 points pendant les périodes de doutes et dans la fourchette 5000/5200 points en périodes d'euphorie.

L'épisode grec est pourtant à relativiser. En effet, la Grèce compte 11 millions d'habitants, contre une population totale de plus de 500 millions de personnes pour l'ensemble de l'Union Européenne (soit 2,2% de la population). Le PIB de la Grèce s'élève à 180 milliards d'euros en 2014 contre plus de 10.000 milliards d'euros pour celui de la zone euro. Il représente 1,3% du PIB de l'UE et ne pèse par conséquent que très peu sur l'ensemble. Comme la dette publique de la Grèce est détenue à près de 75% par d'autres pays européens, le principal problème vient avant tout du fait qu'elle ne rembourserait pas en cas de sortie de l'Euro.

Côté taux, la crise grecque a également changé pas mal de choses, avec d’une part, les taux à 10 ans français et allemand qui retrouvent leur statut de valeurs refuges et qui sont en baisse ces dernières semaines (passage de 1,32 à 0,93 points pour l'OAT 10 ans en France). Et d’autre part, les taux des pays périphériques qui remontent par effet de contagion avec le risque grec.

A cela s’ajoute une saisonnalité boursière défavorable. En effet les mois de Juin et Août sont traditionnellement les plus mauvais de l’année avec des baisses moyennes de -0,8% et -1,2% depuis la création de l’indice CAC 40. Si nous n'avons pas encore complètement la réponse pour le mois d'août, juin n'a pas dérogé à la règle ... Tous les indices de la Zone euro terminent le deuxième trimestre dans le rouge. Mais la baisse s’est surtout dessinée durant les derniers jours de juin, après la rupture des négociations entre la Grèce et ses créanciers et l’annonce du référendum.

Pour le deuxième semestre, trois points sont maintenant à surveiller attentivement :

- Aux Etats Unis, la FED va vraisemblablement relever ses taux d’ici la fin de l’année. Reste le timing qui dépendra de la vigueur de la reprise américaine. Mais comme les chiffres du premier trimestre étaient mitigés, elle continue à retarder sa décision et soigne sa communication afin de générer le moins de soubresauts possibles le jour venu. L'anticipation d'une remontée au mois de septembre semble déjà s'éloigner ...

- En Chine, l'effondrement de plus de 30 % du Shanghai Composite par rapport à ses points hauts, ainsi que les mesures extrêmes de soutien des cours boursiers et les soudaines dévaluations du Yuan décrétées par Pékin procurent le sentiment que malgré leurs 7% de croissance annuels, la mécanique chinoise s'est manifestement grippée. Les prix des matières premières au niveau mondial sont d'ailleurs en train de chuter très fortement (-50% sur le pétrole par exemple), en grande partie à cause du ralentissement de la demande de la Chine et des pays émergents.

- La Grèce peut encore faire parler d'elle, puisque le troisième plan d'aide est toujours en train d'être voté par l'Union et que le problème de la dette n'est toujours pas résolu ...

En conclusion, il semble que la volatilité actuelle des marchés (actions et obligations) perdurera tant que les tensions grecque et chinoise ne seront pas apaisées. Pourtant, ni l'une ni l'autre ne peuvent à l'évidence être en mesure de déstabiliser durablement la zone Euro. A l'inverse, une amélioration dans l'un des deux dossiers pourrait propulser les marchés financiers à des nouveaux records. En 2015, la croissance mondiale sera de toute façon bien là. En effet, la poursuite de la reprise en zone Euro et aux Etats-Unis devrait pouvoir compenser le ralentissement marqué de certains pays émergents.

Point sur les principales économies :

  • En zone euro :  confusion sur les marchés

    Bien que l’attention soit focalisée sur Athènes, c’est avant tout un contexte de doutes envers l’économie américaine qui a amorcé la consolidation des  mois d’avril et mai et qui a également raffermi l’euro, créant une tendance défavorable aux grandes entreprises exportatrices européennes. La volatilité sur les marchés devrait continuer au gré des publications des indices PMI, de l’inflation allemande et de la consommation des ménages américains.

    Malgré la crise en Grèce dont l'impact global reste assez limité, la zone Euro va plutôt bien, comparativement au reste du monde. La consommation des ménages et l’investissement des entreprises s’améliorent doucement. Et, l’inflation repart un peu.

    Concernant la France, les derniers chiffres font apparaître une croissance nulle au deuxième trimestre, ce qui n'augure toujours pas d'amélioration à court terme sur le front de l'emploi ...
     
  • Aux États-Unis : doute sur la croissance

    Le FMI a revu à la baisse les prévisions de croissance de l’économie américaine de 3,10% à 2,5% en 2015, et s’est prononcé en faveur d’un report de la remontée des taux en 2016. Les statistiques économiques ressortent assez mitigées : les marchés de l’immobilier et de l’emploi sont solides, bien que les créations d’emploi ressortent en dessous des attentes (226 000 contre 280 000 attendus). Quant au salaire horaire, il dépasse les prévisions (+0,3% contre +0,2% attendu), ce qui devrait contribuer à conforter les anticipations d’inflation aux Etats-Unis et à renforcer le dollar.
     
  • Dans les Pays émergents : l'évolution divergente continue

    En Chine, la croissance de l'activité manufacturière s'est à peine accélérée au mois de mai et pourrait conforter le scénario de nouvelles mesures d'assouplissement de la politique de la Banque populaire de Chine. Le gouvernement chinois aurait dépensé près de 900 milliards de yuans (133 milliards d'euros) pour soutenir la Bourse chinoise, qui s'est effondrée de 30% entre la mi-juin et début juillet après s'être envolée de 150% en un an (tout est donc relatif ... !). En plus d'un arsenal monétaire, les autorités chinoises ont par ailleurs interdit aux groupes publics de vendre leurs titres et aux investisseurs possédant plus de 5% d'une entreprise cotée de céder leurs parts. La situation est devenue suffisamment délicate pour que la Banque Centrale chinoise agisse de nouveau. Fin juin, elle a baissé ses taux et les ratios de réserves obligatoires de certaines banques, puis dévalué le Yuan face au dollar. L’objectif est toujours le même : soutenir la croissance.

    En Inde l’accélération de la croissance plébiscitée au 1er trimestre est confirmée par les statistiques officielles publiées fin mai. En effet, la croissance de l'économie indienne s'est accélérée sur les trois premiers mois de l'année à 7,5% en rythme annuel après 6,6% au quatrième trimestre 2014.

    A l’inverse, en Russie, le produit intérieur brut s'est contracté de 4,2% sur un an en avril.

    Quant au Brésil, le PIB a reculé de 1,6% au premier trimestre, en rythme annuel. Les données sont moins mauvaises que prévu grâce à une bonne tenue du secteur agricole et particulièrement à la hausse des prix du café. Le real brésilien progresse donc de 0,6% face au dollar, mais les baisses des dépenses publiques, le relèvement de certaines taxes et l'augmentation des prix tendent vers un affaiblissement de la croissance.
     
  • Au Japon : des signes encourageants

    Au Japon la reprise modérée continue. En première estimation, le PIB est en hausse annualisée de 2,4%, sa croissance la plus forte depuis un an. Le PIB du 1er trimestre a été révisé en hausse grâce notamment à une accélération de l’investissement des entreprises. De son côté, la consommation reste décevante mais le marché du travail s’améliore et on voit même du mieux au niveau des salaires et du marché immobilier.

Nos conseils à court terme :

En période estivale et dans un contexte de volatilité accrue, toute mauvaise nouvelle a un impact à court terme très défavorable. Le mois d'août est souvent sujet à des fluctuations importantes, il est de ce fait préférable de rester prudent et de temporiser un peu la dynamisation des portefeuilles. Pour le moment, les mauvaises nouvelles n'ont pas fait trop plonger les marchés actions, espérons que cela continue, mais il est difficile d'anticiper l'évolution à court terme ... La diversification sur plusieurs classes d'actifs financiers et immobiliers reste l'un des plus sûrs moyens de limiter les risques.

  • Actions : Encore et toujours l'Europe

    En cas de mouvement de baisse significatif de l'ordre de -10%, il est conseillé de renforcer les positions européennes plutôt que de rester à l'écart.

    les marchés européens sont toujours dans un cycle de croissance et continuent de présenter un intérêt face aux incertitudes liées aux  pays émergents et aux Etats-Unis. Donc même si la reprise est faible en Europe, la progression des actifs européens devrait être supérieure à celle des autres zones géographiques, notamment grâce à un contexte de liquidités abondantes.
     
  • Obligations : Toujours des remous

    Avec la faiblesse des rendements servis sur les fonds obligataires et la possible remontée des taux prévue d'ici un à six mois, il est toujours pertinent d'attendre encore un peu que les choses se stabilisent, même s'il vaut mieux conserver une poche obligataire moins volatile que les actions.
     
  • Immobilier : remontée des taux

    La remontée des taux des emprunts bancaires est en marche depuis quelques semaines (de 0,10 à 0,20 points). C'est encore relativement peu mais le point d'inflexion semble atteint. Il est par conséquent conseillé de renégocier ses crédits si cela n'a pas encore été fait. Une poursuite de cette hausse de taux sera certainement à l'origine d'une érosion des prix de l'immobilier à moyen terme, la région parisienne devant toutefois être un peu moins impactée que le reste de la France.